Lorsque le vent se lève…
Je lisais dernièrement le proverbe suivant :
« Lorsque le vent se lève, il y a ceux qui bâtissent des murs et ceux qui construisent des éoliennes ».
Il figurait dans le livre L’Apprentissage de l’Imperfection de Tal Ben-Shahar, lui permettant d’introduire le concept suivant. Lorsque l’imprévu surgit et que les choses ne se passent pas comme espéré, nous avons le choix entre deux approches diamétralement opposées. La première est de nous laisser envahir par différentes émotions négatives liées à la contrariété de devoir s’adapter, la peur de l’inconnu, la frustration de la non-maîtrise totale de la situation, le reproche de ne pas avoir anticipé suffisamment, etc.
La seconde approche est de rebondir ! Au final, ce changement n’est-il pas utile voire carrément nécessaire? Ne pourrait-il pas être mieux ou du moins équivalent à ce qui était initialement prévu ? N’ouvre t’il pas de nouvelles opportunité jusqu’ici impossibles ou difficiles ? Y a-t-il un moyen d’en tirer partie ? Et finalement est-il si grave ? Menace-t-il ma survie ? Si ce n’est pas le cas alors… ce n’est pas si dramatique non ?
Le train est en retard…
Ce matin, le panneau d’affichage de la gare indique que le premier train des 8 heures de correspondances de mon voyage est remplacé par un bus, et que ce dernier est en retard. Rien de grave, j’ai plus d’une heure d’attente prévue avant la seconde correspondance. Après 30 minutes, la marge de manœuvre a rétrécis de moitié et toujours pas de bus. La personne proche de moi contient difficilement son calme. Dix minutes plus tard, le bus arrive et nous dépose peu après à la gare de correspondance. Là encore l’afficheur clignote et la tension dans la salle d’attente est palpable. Un bus sensé être arrivé il y a plus de 30 minutes n’est toujours pas là. Le guichetier nous informe que nous pouvons prendre le premier bus qui arrive, ce qui est fait 15 minutes plus tard.
Alors que le chauffeur finit de charger les bagages dans la soute, une femme surgit précipitamment, lui lance son sac de voyage et s’engouffre dans le bus. Elle s’assied à côté de moi. Sans attendre, elle me fait part de son « calvaire » matinal, elle qui va rendre visite à une amie à plusieurs heures de route comme elle le fait chaque année depuis qu’elle est retraitée. Ces retards lui sont abominables, elle qui a déjà bien du mal à s’y retrouver au milieu de ses quatre billets mélangeant titres de transport et horaires prévus des correspondances. Je lui explique qu’étant passé non loin de la mort, j’ai la chance de pouvoir relativiser facilement ce genre de choses. Dans le pire des cas, nous arriverons demain. Elle souffle et sourit. « C’est vrai».
Au final nous avions pu prendre le bus précédent qui, malgré son retard, est arrivé bien plus tôt que celui prévu initialement. Nous en avons profité pour aller boire un verre et manger une confiserie. Finalement, sans ce retard, nous ne nous serions probablement même pas adressé la parole. Beau rebondissement non ? Mais venons-en au titre :
Lorsque l’effondrement arrive…
L’effondrement de la société néocapitaliste à croissance infinie, sujet d’étude favori des « collapsologue » de plus en plus nombreux et écoutés, n’est a priori pas une bonne nouvelle. Alors qu’on nous répète inlassablement que nous avons actuellement les meilleures conditions de vie qu’aucune société humaine n’ait jamais offert jusqu’ici, il est évidemment catastrophique de penser que nous soyons tôt ou très tôt contraints de revenir en arrière, probablement suite au crash mondial de la finance (préférable), ou à cause d’un environnement rendu invivable par et pour l’homme (si la finance ne cède pas avant). Mais justement, si notre monde se dirige à ce point dans le mur, c’est forcément qu’il n’est pas aussi bien qu’on nous le répète. En effet, au fond de nous-mêmes, et ne serait-ce que de manière instinctive, nous voulons et sommes programmés pour la survie. Nous souhaitons laisser à nos descendants des conditions de vie au moins aussi bonnes que celles dont nous bénéficions aujourd’hui. Nous souhaitons puissamment que nos enfants puissent tout simplement vivre !
Alors comment est-il possible que nous nous dirigions depuis plusieurs années vers l’exact opposé, provoquant alors chez chacun une dissonance cognitive importante nous rendant plus ou moins malheureux? Tout simplement parce que nous sommes arrivés au bout de l’idéologie néocapitaliste de la croissance économique, et que désormais les humains en bonne santé physique et morale participent moins aux flux financiers, créent moins de dépenses et donc de croissance, que ceux qui ne le sont pas (voir Bonheur et/ou capitalisme). Jusqu’au point ou les conditions de notre propre survie sont mises en jeu.
…il y a ceux qui s’en distraient ou nient en bloc
Pour beaucoup la responsabilité est trop écrasante, le problème est trop immense, ils sont dépassés. En plus ils ont déjà bien assez de problèmes à régler dans leur vie, ils ne peuvent pas tout faire. Alors mieux vaut ne pas trop y penser ou nier en bloc (voir épisode 6) et continuer comme si de rien n’était. Finalement on est sûr de rien, d’ailleurs on ne voit rien, il fait juste un peu plus chaud mais à part ça. Et puis des crises on en a vu d’autres, 1928 et 2008 par exemple, c’était pas si terrible, on est toujours là. Et surtout il y a déjà eu d’autres réchauffements climatiques par le passé, ça vient par cycles…
Une bonne comparaison pourrait être l’éruption du Vésuve ayant enseveli Pompei et ses habitants sous les cendres ardentes en l’an 79, mais à une échelle mondiale cette fois. Comme à l’époque il y a des signes qui ne trompent pas, mais on ne va quand même pas arrêter net toute l’économie et tout changer alors qu’on ne sait pas vraiment quand ça va arriver.
… et ceux qui y trouvent un Sens à leur vie
Pour d’autres, il y a une réelle prise de conscience. Après tout, tous les spécialistes sont d’accord : le réchauffement climatique est catastrophique et il menace directement la survie de toutes les espèces peuplant cette planète et qui, pour la plupart, n’ont rien demandé. Et même si on n’est pas sûr à 100%, le risque est trop immense pour ne pas le considérer sérieusement. Concernant les finances mondiales, elles ne servent injustement qu’une élite toujours plus restreinte et la croissance infinie ne s’arrêtera qu’en causant une crise aussi vertigineuse qu’on la laisse faire son ascension longtemps. Au final, comme l’a avoué Pierre Rabhi dans une interview au journal télévisé suisse, « le PIB […], c’est stupide ». Alors pourquoi continuer à se sacrifier pour l’entretenir ? De plus, cette nécessité d’augmentation exponentielle des rendements financiers de toutes les personnes physiques et morales établies dans les pays industrialisés a nécessairement débouché sur des usines ultra-productivistes dans lesquelles il est par exemple impossible de se soucier de la maltraitance animale sous peine de faire chuter la productivité. Et ne parlons pas des Aldi, LIDL et autres Amazon, bientôt rejoints par les autres entreprises du globe, où c’est désormais les humains qui sont traités comme des animaux de batterie.
Pratiquer presque toute l’année une activité plus ou moins abrutissante afin de payer ses charges, quelques produits de luxe inutiles dont on espère vainement qu’ils vont palier notre manque de valorisation personnelle causée par la précarité de nos existences, et surtout quelques semaines de vacances afin d’enfin fuir cette vie qui n’en est pas une. Subir le lavage de cerveau publicitaire quotidien, nous rendant malheureux non pas car il nous manque l’essentiel (un toit et à manger) mais parce que nous ne possédons pas ce que nous supposons que l’autre a. Parquer ses parents en maison de retraite afin de pouvoir continuer à travailler et donc gagner et dépenser toujours autant afin de soutenir la croissance. Etc. Etc.
La meilleure chose qui puisse arriver
Non franchement, le changement ne peut que difficilement nous mener à pire et il est plus que temps de mettre rapidement un terme à la mascarade de la croissance. Alors puisque nous avons tout à y gagner, allons-y ! Car autant plusieurs précurseurs de l’agriculture biologique se sont vu rire au nez à l’époque, autant le réchauffement climatique est communément admis aujourd’hui et toutes les alternatives sont bonnes à prendre.
Alors faites-le ! Donnez un Sens absolu à votre existence en tentant tout ce qui est possible pour provoquer l’effondrement financier le moins dramatique possible et donc le plus tôt possible et assurer un avenir à notre monde. N’achetez plus rien ou presque, surtout pas de voiture neuve, de billet d’avion, ou d’objet qui ne vous est pas foncièrement indispensable. Agissez !
Prenez le temps de vous documenter sur les innombrables alternatives existantes ou possibles, et préparez-vous à changer de vie. Imaginez puis construisez un îlot de survie pour vos proches et vous-mêmes et dirigez-vous vers l’autonomie alimentaire et financière. Oubliez la richesse matérielle, et préférez une vie proche de la nature riche de Sens en produisant moins de 4 tonnes de CO2 par an (seuil de durabilité, la moyenne européenne étant d’environ 12 tonnes par an). Arrêtez d’entretenir la croissance en cessant de produire de la valeur marchande. Produisez à la place des aliments qu’on tentera bientôt de vous échanger contre tout l’or du monde et découvrez le bonheur de cultiver la vie! Essayez, c’est le plus important.
Et pour vous ? Ce sera plutôt en 2020 ou en 2030 l’effondrement ? Vous vous y préparez comment ?