Lorsque j’ai commencé à lire pour la première fois L’apprentissage du Bonheur de Tal Ben-Shahar, j’ai été frappé de voir le comportement que j’avais adopté depuis des années écrit noir sur blanc. Quelle n’a pas été ma surprise à l’époque de me retrouver si parfaitement dépeint, et de voir mon problème enfin mis en lumière: je manquais énormément d’équilibre!
En effet, partant de son expérience, Tal Ben-Shahar énonce deux comportements types: le viveur et le fonceur. Ainsi que deux autres comportements correspondant soit à leur absence totale, le défaitiste, ou au contraire à leur juste équilibre, le bienheureux.
Viveur, fonceur, défaitiste et bienheureux!
- Le viveur vit pour l’instant présent mais manque de but futur. L’enchaînement de plaisirs l’amène parfois à faire des excès car il se préoccupe peu de l’avenir et donc des conséquences de ses choix. Il finit par tourner en rond car sa vie manque malheureusement de Sens.
- Au contraire le fonceur vit pour atteindre un but futur et considère alors le chemin qui y mène comme un coût, certes nécessaire mais inutile. Il est dés lors incapable d’y prendre du plaisir et vit sa vie comme une succession de sacrifices jusqu’à enfin atteindre son but. Malheureusement, et contrairement au chemin, la satisfaction d’avoir atteint un but ne dure jamais longtemps. La vie du fonceur manque cruellement de plaisirs.
- Le défaitiste, n’est ni viveur, ni fonceur. Il ne possède ni plaisir immédiat, ni but futur, c’est un déçu de la vie. Il est condamné à être profondément malheureux à moins qu’il n’évolue vers l’un des trois autres types de comportement.
- Au contraire, le bienheureux possède à la fois les avantages du viveur et du fonceur. Il est capable de profiter de l’instant présent (plaisir) mais possède aussi un but porteur de Sens. Or comme on le sait, plaisir + Sens = bonheur. Il est donc heureux.
Si l’on pouvait représenter les types de vie extrêmes du viveur et du fonceur, ils ressembleraient peut-être à ça:
Vous l’avez certainement deviné, la vie du défaitiste tourne en rond tout en en étant absente de plaisirs. Alors qu’au contraire, celle du bienheureux comporte à la fois des plaisirs ET un but significatif.
La métaphore du randonneur en montagne
Les comportements du viveur et du fonceur peuvent aussi être illustrés par la métaphore très parlante du randonneur en montage:
Le viveur commence son ascension, et remarque très vite la beauté du paysage et la chaleur du soleil. Il a alors une envie folle de s’asseoir un moment afin de mieux profiter de l’instant. Il se roule dans l’herbe et s’émerveille, puis se laisse aller à faire une sieste savoureuse, quel plaisir! Malheureusement, lorsqu’il se réveille, le soleil et déjà bas et il commence à faire froid. Il avait rendez-vous à la cabane il y a une heure déjà mais n’a pas vu le temps passer. Il hésite alors à grimper, mais c’est risqué. Ou ferait-il mieux de revenir en arrière? …
Le fonceur fonce, évidemment. Il veut arriver à la cabane le plus vite possible et sacrifie alors tout le plaisir de la montée. Le paysage et tout le reste, ce n’est pas très important, pas de quoi s’arrêter, ni lever la tête, seul le but compte. Il souffre mais c’est normal, il sait qu’on a rien sans rien. Tout ira mieux lorsqu’il sera arrivé, il pourra alors enfin être heureux. Après plusieurs heures pénibles, il arrive. Il est satisfait un instant d’avoir atteint son but, mais très vite, toujours incapable de profiter de l’instant présent, il est à nouveau insatisfait. Au final, de toute son expérience, il n’aura profité que de l’infime partie finale: l’instant durant lequel il a atteint son but, 1% du temps écoulé, voir bien moins. Les 99% restants n’ont étés que sacrifices, c’est bien dommage.
Mon vécu de fonceur
Personnellement, lorsque j’ai lu l’apprentissage du Bonheur, je me suis très vite reconnu dans le comportement du fonceur. Depuis l’âge de 12 ans environs, j’ai choisi de m’orienter vers un travail qui correspondait à ma plus grande passion. Il était en plus très valorisé par la société ce qui me confortait dans mon choix. J’en étais sûr, si j’allais dans cette voie, il serait alors facile de « réussir » ma vie.
A partir de là, mes notes scolaires ont chuté pour tourner tout juste autour du minimum nécessaire pour passer dans la classe supérieure. Peut-être parce que je ne voyais plus l’école comme une source de plaisir en soi, mais comme un coût. Certes nécessaire, mais néanmoins inutile. Je me suis sacrifié pour obtenir mon diplôme « graal ». Certaines personnes répétaient que c’était normal, « on a rien sans rien » disaient-elles, elles devraient avoir raison.
Lorsque j’ai eu enfin fini l’université, je me suis à peine réjoui. Après tous ces sacrifices, il était normal que l’on me donne mon dû non? Et puis j’étais impatient de passer à la suite, d’enfin être heureux! Je l’avais bien mérité. Evidemment, ce n’était pas si simple, encore fallait-il que j’apprenne à profiter de l’instant présent, à m’émerveiller, à devenir un peu plus viveur. Mais ça, je ne l’ai compris que bien plus tard…
Le but
Avoir un but c’est bien, encore faut-il être sûr que c’est bien là que nous voulons aller. Rappelez-vous, ce que nous voulons vraiment, c’est simplement être heureux. Et pour ça il faut que notre but possède du Sens, qu’il corresponde à nos valeurs. Si votre but concerne la richesse, le pouvoir, la célébrité, une belle voiture, des vacances à l’autre bout du monde, ne plus devoir travailler, ou que sais-je encore; tout ceci n’a a priori aucun Sens, et ne vous rendra donc pas heureux, ne vous satisfera pas, ne vous procurera pas la sérénité, ne vous rendra pas non plus réellement fier de votre vie.
La bonne nouvelle c’est qu’au final, pour être heureux c’est beaucoup plus simple. Il nous faut un équilibre entre viveur et fonceur, profiter de l’instant présent tout en possédant un but significatif. Il vous faut simplement du plaisir et du Sens!
Et vous, gagneriez-vous à devenir un peu plus viveur ou fonceur? Possédez-vous un but significatif dans votre vie?
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