Lorsque vous allez faire vos courses, chercher vos enfants à l’école ou allez au travail, êtes vous plutôt du genre à:
- Prendre la voiture ou marcher vite, inutile de perdre du temps. Plus vite ce sera fait, plus vite je pourrai (re)commencer mon activité.
Ou plutôt:
- Marcher tranquillement, profiter de l’air frais, du paysage (qu’il soit campagnard ou urbain). Prendre le temps d’observer l’environnement, quitte à arriver un peu en retard. Ce n’est pas si grave.
Le fonceur et le viveur
Tal Ben-Shahar explique que l’on vit tous plus ou moins selon l’un ou l’autre de ces deux modes opposés:
Pour le fonceur, seul le but compte: gravir les échelons dans son travail, avoir cette télé/voiture ou ce diplôme, « réussir », voir même être heureux! Il faut l’atteindre au plus vite et le chemin au but n’est qu’un moyen, un coût, inutile mais nécessaire pour atteindre le but. Il est donc la plupart du temps sacrifié. On ne profite pas du chemin, de l’instant présent, mais on se tue à la tâche. Ca en vaut la peine car seul le but compte.
Pour le viveur, seul le plaisir immédiat compte, et il est prêt à tout pour s’assurer un maximum de plaisir toute de suite, ou très rapidement, sans réellement se soucier des éventuelles conséquences: vivre dans l’excès, avoir un coup d’un soir avec le premier venu, essayer une drogue, dépenser plus qu’on ne possède, etc.
Le problème du fonceur
Le problème du fonceur, c’est que le plaisir d’avoir atteint son but ne dure jamais très longtemps. Quelle n’a pas été la déception de Ben-Shahar qui, ayant sacrifié plusieurs années de sa jeunesse pour devenir champion national de squash (entrainement intensif, régime alimentaire, privations sociales, etc.), a découvert le soir même où il a atteint cet objectif qu’il n’était déjà plus « heureux »!!! Au contraire, le chemin a lui duré plusieurs années dont il n’a malheureusement pas profité puisqu’il les a sacrifiées pour atteindre son but… Le fonceur se sacrifie 99% du temps pour avoir du plaisir le 1% restant, c’est dommage non?
- Quand vous êtes-vous dernièrement lourdement sacrifié pour atteindre un but?
Le fonceur vit pour le sens, mais manque de plaisir.
Le problème du viveur
C’est que, mis a part ses possibles prises de risque importantes liées à son comportement moins raisonnable que le fonceur, enchaîner les plaisir sans but, sans sens, ne rend pas heureux. Et l’on se rend finalement compte que l’on tourne en rond, que l’on se sait pas où l’on va. De plus, le viveur a tendance à considérer l’effort comme une souffrance et donc à l’éviter. Il n’est alors souvent pas capable d’entreprendre quoique ce soit, puisque la simple idée de devoir faire l’effort de s’organiser ou de commencer quelque chose le rebute.
- Quand avez-vous dernièrement succombé à un plaisir déraisonnable sans vous souciez des conséquences?
Le viveur vit pour le plaisir, mais manque de sens.
Le bienheureux
Heureusement, comme dans beaucoup de choses, la solution vient de l’équilibre. Et elle est de plus gagnant-gagnant puisque profiter du chemin permet souvent d’atteindre plus vite son but. Le bienheureux est en effet capable de se fixer des objectifs et de faire des concessions pour les atteindre, mais il sait aussi profiter de l’instant présent et des plaisirs de la vie:
Lors qu’il doit se déplacer (aller au travail, faire ses courses, chercher ses enfant à l’école, rendre visite, aller à un rendez-vous, etc.) il est capable de profiter du chemin plutôt que de le subir comme une contrainte. Il sait prendre le temps mais part suffisamment en avance pour ne pas risquer d’arriver trop tard.
Plus généralement, il accepte de se sacrifier un peu pour atteindre son but (obtenir son diplôme, sa place de travail tant espérée, etc.), mais est aussi capable de faire une pause, consacrer du temps à sa famille, voir des amis et faire la fête.
- Avez-vous déjà atteint un but tout en tirant du plaisir des efforts qui y menaient? Quelles activités vous apportent du plaisir à la fois immédiat et futur?
Le bienheureux peut atteindre un but tout en prenant du plaisir dans le chemin au but. Il sait concilier plaisir immédiat (plaisir) et futur (sens).
Le conditionnement scolaire et sociétal
Le problème étant qu’à nouveau, la société nous pousse dés le plus jeune âge à devenir des fonceurs:
« On a rien sans rien », la maxime des fonceurs
Dés l’entrée à l’école, on attribue des notes aux enfants et leur fait comprendre que dorénavant, ils devront « réussir ». Que ce soit l’instituteur ou les parents, les bonnes notes c’est bien et les mauvaises c’est mal. Il faut travailler dur pour réussir, mais jamais on ne leur dit qu’il faut être heureux. Les pays nordiques semblent néanmoins bien plus en avance de ce côté là.
Le problème (encore un), c’est qu’à force de sacrifices, l’enfant perd peu à peu le plaisir d’apprendre et donc ses chances de réussite. Un comble lorsqu’on sait que c’est justement le but! Il serait donc urgent de remettre la question du bonheur sur la table!
Etes-vous fonceur, viveur ou bienheureux? Vos enfants savent-ils que le but c’est le capital suprême, le bonheur? Ont-ils toujours du plaisir à apprendre?
La prochaine fois, déplaçons nous à pied et prenons le temps de profiter de l’air frais et du paysage, de ces personnes qui nous entourent. Profitons du chemin, il dure infiniment plus longtemps que le but 😉