Pour se mouvoir, avancer dans la vie, il est nécessaire de s’émouvoir, de ressentir et accepter ses émotions. Et ça, ça ne va pas de soi, surtout quand on est un homme…

Emotions et bonheur

Ressentez-vous quelque chose lorsque vous cliquez sur cette photo? Si oui, c’est bon signe! Si non, c’est peut-être simplement parce que ce n’est pas votre truc. Mais peut-être est-ce aussi parce que vous êtes devenu un désert émotionnel au fil du temps, et là, c’est un problème!

Homme idéal et scolarité obligatoire

En effet, l’homme idéal promu par notre société est fort et posé! Il ne pleure jamais, n’est que rarement triste ou en colère, et n’a jamais peur. Tout au plus peut-il exprimer un peu de joie par moments, mais pas trop. Malheur alors au jeune garçon qui verse une larme durant sa scolarité. Il est alors jugé faible par les filles, et les autres garçons se moquent de lui. De même, celui qui exprime sa colère est jugé impulsif et instable. Alors que celui qui a peur est la risée de ses camarades. Aujourd’hui, l’expérience scolaire, et de manière plus générale l’idéal promu par notre société, pousse les hommes à fuir leurs émotions et à devenir pour certains de véritables déserts émotionnels. Étrangement, les femmes sont nettement plus épargnées: une femme qui ressent c’est mignon, sensuel ou séduisant. Vous connaissez ces « films de fille » dont les femmes raffolent et où beaucoup d’hommes s’ennuient à mourir? Il y a encore un long chemin avant l’égalité émotionnelle.

Le problème des déserts émotionnels

Le principal problème des personnes qui ont érigé une barricade face à leurs émotions, c’est que ces barrières ne peuvent pas être sélectives. Lorsqu’on devient insensible à la tristesse, à la peur et à la colère, on le devient aussi face à la joie, à l’admiration, la gratitude et la sérénité. Or d’après de nombreux spécialistes (dont Martin Seligman), ressentir des émotions positives est absolument nécessaire pour être heureux (ça semble évident). En se coupant des émotions négatives, on se prive en même temps des positives et il est alors nettement plus difficile d’augmenter son bonheur.

Dans L’apprentissage de l’imperfection, Tal Ben-Shahar explique que lorsqu’il est enfin devenu champion national de squash après 4 années de sacrifices, et qu’il occupait enfin la plus haute marche du podium, il fut surprise de voir sa copine à ses côtés en pleurs. Lorsqu’il lui demanda pourquoi elle était dans cet état, elle lui répondit simplement qu’elle était profondément triste car après toutes ces années passées à attendre et finalement atteindre ce but, elle voyait qu’il ne ressentait rien, qu’il était insensible même à son propre succès. Comme beaucoup d’homme, Ben-Shahar était à l’époque lui aussi un désert émotionnel.

Si négatives que ça ces émotions?

Il est important de remarquer que les émotions que l’on appelle négatives ne le sont finalement pas tant que ça, et qu’elles nous sont surtout très utile. Voici quelques exemples:

  • La peur tout d’abord, nous a permis pendant longtemps de survivre face aux dangers. Sans peur, nombre de nos ancêtres auraient fini dans la gueule du premier prédateur venu. Sans peur, nous serions nombreux à prendre des risques inconsidérés et à nous mettre bien souvent en danger. La peur est une sorte de garde-fou de la survie, c’est au final une émotion extrêmement saine!
  • La colère nous permet d’extérioriser, de faire savoir autour de nous que nous sommes à bout, ou en total désaccord. Sans colère nous imploserions intérieurement, tout simplement. La colère est notre trop plein émotionnel.
  • La tristesse quand à elle permet par exemple de souligner par contraste la joie! Et la tristesse comporte une sorte de beauté, elle nous permet de nous arrêter, enfin, et nous force à ressentir, et peut-être à nous aimer un peu plus. La tristesse est aussi un moyen d’expression de notre empathie, elle nous rappelle que ce sont les autres, humains ou animaux, et notre environnement qui nous rendent heureux. Quoi de plus beau alors que d’être parfois atteint par leur malheur et de leur venir en aide.

Ressentir et accepter ses émotions

Ressentir, heureusement, ça se réapprend. Il faut pour cela peu à peu ré-accepter ses émotions. Lorsque vous ressentez quelque chose, ne fermez pas la porte, au contraire, acceptez et tentez de comprendre la source de ces émotions. Vous êtes triste ou en colère? Remarquez-le et arrêtez-vous, ressentez. Puis demandez vous pourquoi? Quelle est ou sont les causes de cette émotion? D’où vient-elle et qu’essaie t’elle de me faire comprendre? Je suis triste, je suis en colère, je suis humain et c’est ce qui me permet d’avancer. Quel bonheur de ressentir!

Ressentir

Même si vous avez caché vos émotions, tout au fond, elles sont encore là. Il suffit de les découvrir!

Attention à ne pas rejeter ses émotions

Une dernière chose: dans son livre*, Ben-Shahar met en garde contre les conséquences du rejet de ses émotions. Lorsque j’étais jaloux, dit-il, je rejetais ces pensées loin de moi les trouvant basses et odieuses car elles allaient à l’encontre de mon idéal. Mais au lieu de m’en défaire, je remarquais peu à peu que je les attribuais à mon entourage. Je ressentais de la jalousie et la fuyais, et j’avais alors l’impression que les autres autour de moi étaient eux-mêmes plus jaloux. Puis j’ai accepté d’être humain et de pouvoir parfois ressentir de la jalousie, j’en prends conscience et l’accepte, puis je passe à autre chose. Je suis imparfait, et c’est normal.

Et vous? Vous versez parfois une larme devant un film? Est-ce que vous l’acceptez ou tentez de vous en cacher? Avez-vous dressé un mur entre vous et vos émotions?

Quel pensez-vous d’un homme qui pleure? C’est peut-être de bonheur!

*voir L’apprentissage de l’imperfection, Tal Ben-Shahar