La croissance ne rend plus heureux

Le Produit Intérieur Brut (PIB) est inventé en 1934 afin de mesurer l’impact de l’énorme krach de 1929 sur l’économie américaine. Il permet de « quantifier la valeur totale de la production de richesse effectuée dans un pays », et donc de mesurer sa croissance économique.

A partir de là, on a supposé pendant plusieurs décennies que plus le PIB augmentait, plus les citoyens devenaient riches et donc heureux. La croissance économique est alors devenue la priorité absolue de notre société. Mais en 1974, l’économiste Richard Easterlin montre que, malgré une croissance soutenue dans les décennies précédentes, le sentiment de bien-être de la population avait stagné. On l’observe d’autant mieux aujourd’hui:

Bonheur argent

La croissance économique ne rend plus heureux, au moins depuis les années 70. (source*)

La récession, c’est grave?

Depuis plus de 50 ans maintenant, les PIB de nombreux pays ne cessent d’augmenter chaque année. Mais nous ne sommes pas plus heureux pour autant. Pourtant, on nous rappelle constamment que la récession est la pire chose qui pourrait nous arriver. Vraiment? A mon sens la majeure partie de la société se satisferait très bien d’un PIB stable (croissance nulle). De nombreuses micro-société ont montré que tout se passait bien, la vie continue.

Non, les vrais dépendants de la croissance et donc les perdants de la récession, ce sont tous les investisseurs au sens large. En effet, eux seuls ont besoin de récupérer plus d’argent que ce qu’ils ont investi, et pour ça, il faut de la croissance. Mais maintenant que l’on sait que l’argent ne fait pas le bonheur, tout ceci n’a plus aucun sens.

Alors bien sûr, tout changement entraîne une déstabilisation plus ou moins importante. Passer du capital au capital suprême en tant que but ultime demandera certainement quelques efforts, changements d’habitudes et ajustements. Mais le boulanger continuera de faire du pain et nous continuerons de pouvoir l’acheter, d’autant plus lorsque le cycle de consommation est restreint et donc indépendant. Il n’y a qu’à voir, les mieux protégés des aléas de l’économie mondiale, ce sont encore une fois les micro-sociétés, qui brillent justement par leur absence d’investisseurs.

La décroissance, c’est nécessaire!

Croissance économique

Nous sommes dans un ballon, qui monte…

Aujourd’hui, nous sommes un peu comme dans une nacelle de montgolfière, avec un énorme ballon de baudruche au dessus de la tête, gaz ouverts à fond. On gonfle, on gonfle et on continue de monter, toujours plus haut. Mais le ballon ne grandira pas éternellement, et plus nous irons haut, plus la chute sera ensuite sévère. Ne serait-il pas plus raisonnable de commencer à redescendre en le dégonflant petit à petit? De faire décroître notre altitude afin de remettre les pieds sur terre?

Une croissance infinie dans un monde aux dimensions finies – notre planète terre – ce n’est pas possible. Nous voyons bien que nous arrivons aux limites de notre environnement et risquons de le rendre bientôt invivable. Nous n’avons pas le choix, soit nous décroissons, soit nous parions sur la future colonisation d’autres planètes. Mais avec nos technologies aujourd’hui incapables, et le récent rappel au sujet des radiations cosmiques mortelles, autant dire que la 2e solution est plutôt risquée. Tout ça pour pouvoir continuer à croire que l’argent rend heureux?

N’ayons pas peur de consommer moins

De plus en plus de voix s’élèvent pour nous encourager à réduire notre consommation en général, mais elles doivent souvent faire face à la menace de la décroissance: « Si tout le monde consomme moins, l’économie va s’effondrer et ce sera terrible! ». Mais ne sera-ce pas infiniment pire si nous continuons?

Soyons raisonnable et choisissons la décroissance heureuse plutôt que de nous autodétruire riches. Car souvenez-vous, au fond, ce que nous voulons vraiment, c’est simplement être heureux!

*Tiré du livre Et n’oublie pas d’être heureux, Christophe André, 2014