Perfection. Notre société valorise le toujours mieux et le toujours plus, conditions de la croissance nécessaire à sa survie. Mais cette définition de la perfection semble bien peu naturelle, ou humaine.

L’apprentissage de l’imperfection

C’est le titre du 3e livre de Tal Ben-Shahar qui, comme une bonne partie de la population dont vous faites peut-être partie, a été victime de l’idéal perfectionniste ambiant. Il cite en exemple un homme « brillant » qui après moult réussites diverses, et ayant finalement décroché la plus haute récompense pour une réalisation remarquable à seulement 30 ans, mit subitement fin à ses jours.

Le perfectionniste remarque systématiquement que le résultat qu’il a obtenu n’est pas parfait. Il est alors déçu et ne retire que très peu de joie et de satisfaction de ses réussites. Et comme il est souvent doublé d’un fonceur pour qui seul le but compte, il est tout aussi incapable de profiter du long chemin menant à chacune de ses réussites.

« Le problème avec la recherche de la perfection, c’est qu’elle ne mène qu’à l’insatisfaction. »

Peur d’hériter

Lorsque je me suis enfin défait mon auto-valorisation par l’argent et le matériel, retrouvant par là-même ma liberté, j’ai pendant un certain temps été assez mal à l’aise face à la possibilité de me retrouver un jour en possession d’une relativement importante somme d’argent, par exemple suite à un héritage. En effet, désormais dépositaire d’un pouvoir nettement augmenté, j’aurais alors eu la responsabilité d’en faire le meilleur usage possible sur le long terme afin de permettre au plus grand nombre d’accéder au pré requis matériel au bonheur, à savoir un toit et à manger. Perdu devant la quasi-infinité des possibilités, j’étais certain de ne pas choisir la meilleure solution. En discutant par hasard de cette préoccupation avec une connaissance spécialisée dans la psychologie positive, elle m’a alors dit:

« Considère-toi avec bienveillance »

Se considérer avec bienveillance et valoriser son imperfection, le chemin vers la sérénité.

Optimalisme et bienveillance

C’était évident, même avec les meilleures intentions du monde, je retombais dans une approche perfectionniste en recherchant la meilleure solution. Autant dire que je courrais tout droit vers l’échec. Par opposition au perfectionnisme, Tal Ben-Shahar propose l’optimalisme qui consiste à se satisfaire d’une solution « optimale », certes imparfaite mais au moins réaliste et tout de même raisonnablement bonne. A l’opposé de Platon pointant le ciel, Aristote préférait lui montrer le sol et prôner le réalisme possible, plutôt que l’idéalisme inatteignable. 

Les bienfaits de l’échec

Je suis humain! Foncièrement imparfait! Je fais des erreurs, et ça me fait du bien. L’échec fait partie de la vie et nous permet entre-autres d’apprendre à nous relever et de mieux nous réjouir ensuite de nos réussites. J’essaie de faire le plus de choses possible avec amour, et ça me suffit. D’ailleurs, est-il d’autre perfection que le subtil équilibre de la nature, que nous nous « évertuons » pourtant à chambouler depuis des siècles? Nous aurions peut-être meilleur temps de choisir la beauté de l’équilibre naturel, plutôt que la « perfection » absolue.