Exprimer sa gratitude

La psychologie positive a démontré qu’exprimer sa gratitude, à savoir être reconnaissant des belles choses dont nous bénéficions depuis longtemps ou qui nous sont arrivée récemment, est l’un des moyens les plus simples et efficaces pour augmenter son bonheur (comme quoi les religions qui demandent aux fidèles de remercier dieu avaient déjà trouvé le truc depuis longtemps). L’effet est quasi immédiat et l’investissement ne prend que quelques minutes chaque jour. Alors comment faire?

Exprimer sa gratitude rend heureux

Merci pour l’après-midi à vélo avec Manu! C’était trop bien!

Et bien par exemple chaque soir avant de vous endormir, prenez le temps de vous remémorer quelques éléments de la journée ou de la vie en général et remerciez, intérieurement ou en écrivant certains jours dans un petit carnet dédié (effet plus important), de pouvoir en bénéficier. Voici quelques exemples qui permettent de se rendre compte quels sont les éléments pour lesquels nous pouvons être reconnaissant:

Merci pour:

  • Ce magnifique film [nom du film] qui m’a ému
  • Merci aussi à toute l’équipe de production, sans qui il n’y aurait pas de film
  • Merci pour cette discussion excellente avec [nom de la personne]
  • Pour l’amitié de [nom de la personne]
  • Merci pour ce train qui est beau, propre et quand même foutrement ponctuel
  • Merci pour ces crêpes succulentes
  • Pour le soleil
  • Merci pour la sobriété, heureuse 😉
  • Merci pour les aventures que me réservent la vie
  • Pour la vie (plus évident quand on a failli la perdre)
  • Le ciel rouge de fin de journée
  • Mon assurance qui a pris en charge les frais de cet accident
  • Notre société dans laquelle il suffit de payer ses impôts pour garantir une éducation à ses enfants
  • Le plaisir de faire du vélo
  • Les collègues au boulot
  • Cette nuit de plaisirs! 😀 (on sait très bien avec qui on l’a passée)
  • La joie, la colère, la peur et la tristesse, qui nous font avancer
  • La musique
  • Le chocolat
  • Capitalsupreme.com (dans mon cas en tout cas :D)

Je vais m’arrêter là, mais j’espère que vous voyez mieux à quel point le champ d’expression de sa gratitude est vaste et qu’il ne faut pas hésitez à remettre en question ce que l’on considère comme acquis ou normal, afin de contrer l’habituation hédonique…

Contrer l’habituation hédonique

Paysage

Mouais, c’est pas mal, mais je connais…

Derrière ce terme compliqué se cache un effet tout simple que vous connaissez très bien: lorsqu’on fait face à quelque chose de nouveau, on le remarque, on s’émerveille, bref, on est super content (nouvelle voiture ou nouveau paysage en vacances par exemple)! Et puis avec le temps, on s’habitue, et ce qui était incroyable jusqu’ici devient normal et le plaisir disparaît (ce qui explique pourquoi les biens matériels, aussi chers soient ils, ne feront jamais le bonheur: on s’habitue à tout, même à changer de voiture de luxe ou à partir en vacances tous les mois, c’est sans fin).

Prenons la vie par exemple, c’est normal? Lorsqu’on se lève le matin on se dit rarement qu’on a de la chance d’être en vie. Pourtant c’est bien le cas non? Même dans notre société ultra-sécurisée, personne n’est à l’abri d’un accident. Il n’est donc pas du tout hors de propos de remercier d’avoir la chance d’être en vie! Ou pour les plus scientifiques: d’avoir la chance que la faible probabilité d’avoir un accident ne nous soit pas tombée dessus.

Paysage

Quelle chance d’être en vie, et voyant, de pouvoir apprécier ce paysage extraordinaire, dans un pays en paix, sans devoir me préoccuper de savoir ce que je vais manger ce soir et où je vais dormir, de pouvoir travailler mon bonheur chaque jour. Rien n’est acquis.

Faire l’effort de contrer l’habituation hédonique a donc trois avantages:

  • Ne pas avoir systématiquement besoin de nouveauté pour s’émerveiller.
  • Avoir une source de remerciements quasi-infinie pour exprimer sa gratitude.
  • Et apprendre à son cerveau à remarquer d’avantage ces éléments positifs et donc à nous rendre plus heureux.

Un cerveau « plastique » qui peut apprendre à nous rendre plus heureux

En effet, de nombreuses études* récentes ont démontré que ce que l’on pensait jusqu’ici, à savoir que le cerveau se forme durant l’enfance et qu’il n’évolue plus ensuite, ce qui fait que l’on apprend donc moins bien passé un certain âge, est tout simplement faux! Il semblerait au contraire que le cerveau soit « plastique » (se déforme et reforme) et qu’il peut s’adapter durant tout la vie à nos besoins:

Lorsqu’on apprend à conduire, on loupe souvent certains panneaux de signalisation. Et puis à force de faire l’effort les chercher, le cerveau apprend à les remarquer. Si bien qu’après un temps relativement court, on a plus besoin de faire cet effort: le cerveau repère les panneaux tout seul!

J’ai remarqué la même chose concernant notre biais négatif de perception du monde: lorsqu’on fait l’effort de remarque le positif, le cerveau apprend à le remarquer de lui même et nous percevons alors le monde de manière bien plus positive, ce qui nous rend évidemment plus heureux!

C’est bien mais…

Ne risque t’on pas de perdre en objectivité?

Bon déjà commençons pas éviter les extrêmes: il est question de contrer son biais négatif de perception du monde, et donc justement d’avoir un point de vue plus objectif. Pas de pousser jusqu’à voir tout en rose.

Mais admettons que l’on pousse trop loin: à force voir tout en rose, ne risque t’on pas de vivre dans un « monde de bisounours » et de peut-être même de se mettre en danger en sous estimant certains risques? Les réponses sont « non » et « ça dépend ».

Concernant l’objectivité, je viens d’apprendre qu’une étude** a montré que chez des manifestants, ceux qui exprimaient le plus leur gratitude étaient aussi ceux qui se montrait les plus militants et engagés socialement, ceux qui défendaient le plus leurs valeurs. Difficile donc de croire qu’ils voient tout en rose puisque qu’ils continuent de voir des choses qui leurs déplaisent suffisamment pour qu’ils s’engagent à les combattre. Un potentiel dictateur (objection classiquement émise) ne sera donc pas moins malvenu si tout le monde commence à exprimer sa gratitude, au contraire.

Concernant l’évaluation de risques, plusieurs psychologues ont en effet mis en garde contre leur possible sous-estimation. Personnellement, je n’ai pas l’impression qu’à force de remercier des automobilistes de me laisser traverser la route je vais finir par me jeter sur le passage piéton, mais je n’ai pas non plus la prétention de contredire un avis d’expert. Jusqu’à nouvel avis, il faudra donc faire attention à de redevenir un peu plus pessimiste lorsque nous avons à évaluer un risque important.

Et vous? Que pouvez-vous remercier dans ce que vous avez vécu aujourd’hui? Et dans votre vie?

Moi je vous remercie grandement d’avoir pris le temps de me lire et je suis très reconnaissant à tous ces psychologues et penseurs qui nous ont permis d’enfin mieux comprendre comment être heureux! MERCI BEAUCOUP!

Intéressé par une autre façon d’écrire? Voici un autre article traitant aussi de la gratitude sur betterme.ch

*Cf. entre autres Comment devenir un optimiste contagieux, Sean Achor

**Cf. Rébecca Shankland, sources plus précises à venir, mes plates excuses en attendant